En ce XXIème siècle ; le radeau de la méduse de Géricault redevient le cauchemar de centaines de clandestins, femmes et enfants, entassés dans des containers , traversant des océans en quête d’un monde meilleur, d’un rêve qui restera inaccessible. Ces rescapés d'hier, devenus anthropophages , dont l’espoir est incarné par un homme de couleur,brandissant sa chemise comme unique étendard ,ces nomades au péril de leur vie prennent place aujourd'hui dans des caissons de la mort ici la sculpture permet de confronter des images. Il s’agit de nommer les liens de causalités historiques, inobservables parce que di'epoques differentes; la déformation de la mémoire ne donnant à voir que des fragments de l'histoire En traversant les couloirs de nos musées, il nous est offert d’ouvrir les yeux , pour créer des liens. L’histoire des influences souterraines de longue durée mais aussi celles des faits divers, passionnent l'artiste de l'époque L’histoire de ce banc de sable au large du Sénégal, qui devient un tableau de genre, trahissant toute commande. Une œuvre, représentant des êtres abandonnés, sur un radeau sans nourriture, sans eau, entre espoir et désespoir. Une minuscule voile à l’horizon entre le haut du tableau et le bas qui renforce la composition par une énorme vague qui risque à tout moment d’anéantir les survivants. Un lien nouveau entre l’époque de métissage et le romantisme. « Ce malheur a tout à coup rétabli l’égalité parmi les races » dit Charles Blanc. Malheur accentué par la personnalité de Gericault, qui le pousse à s’intéresser aux victimes, à la souffrance bien plus qu’aux héros de la mythologie. La détresse humaine face à la puissance indomptable des éléments, est un thème central du romantisme. Le container, comme le radeau se meut au milieu de nulle part, jetant par-dessus bord, sur les quais des villes fantômes, ses occupants. Il témoigne des dérives successives et des hypocrisies politiques. "C’est notre société toute entière qui embarque sur ce radeau," dit un journaliste de l'époque cherchant à dépeindre la morosité ambiante. Dans ce container, c’est bien sûr le portrait de l’attente, et du désespoir,mais c'est aussi l'image de l'image qui se repète Guy Lorgeret, décembre 2009 |